Sylva Hanuise, Sculpteur, Grand-Halleux, Belgique

Tous les mouvements ont un point de non-retour. Un endroit d’où ils doivent continuer, quelles que soient les conséquences sur la sculpture en cours. Ils ont tous un point inéluctable. Il faut savoir y aller vers ce point, car c’est là que tout se passe. La vie aussi est quelque chose d’inéluctable, c’est cela sa force et son intensité. Lorsque je suis arrivé à cet endroit-là, je travaille vraiment le vivant, la matière vivante, car elle m’échappe, elle a sa propre vie.

Chaque mouvement a une histoire. Un mouvement dans un corps a une histoire. Il faut retrouver cette histoire, la reconstruire, la refaçonner, la revivre pour que tout le mouvement soit complet. Chaque mouvement est l’aboutissement d’un autre. Tout est relié. Sans l’instant d’avant, il n’y a pas de présent et il n’y a pas de futur. Si le passé n’est pas travaillé, le mouvement ne sera pas complet, vivant. Tout sera figé.

Je me demande si finalement l’acte de sculpter tel que je le vis n’est pas l’acte de couper, d’enlever quelque chose, de se séparer de quelque chose, et dans la pierre, et en moi. Chaque jour, je sculpte.

Chaque jour, je donne de la vie, un peu plus de vie à une pierre. Chaque jour, je donne un peu plus de ma vie à une pierre. Chaque jour, je partage ma vie avec le monde qui m'entoure. >>> Suite